Développement de carrière

IA et développement des compétences dans le secteur bancaire: quelles prémisses?

En contexte d’incertitude, l’univers professionnel implique la mobilisation de compétences multiples et pointues relevant de la spécialisation polyvalente. L’intelligence artificielle générative en plein essor accroît désormais le risque d’accélérer leur obsolescence dans plusieurs secteurs d’activité.

Selon la récente édition de 2024[1] du CEO Survey de PWC, 63 % des dirigeants participant à l’étude en Suisse s’attendent à ce que l’intelligence artificielle générative nécessite de nouvelles compétences de la part de leurs collaborateurs à moyen terme. Depuis sa mise à disposition au grand public le 30 novembre 2022, ChatGPT occupe le devant de la scène avec une adoption massive et fulgurante. Il y aurait un avant et un après ChatGPT.

Les évaluations des risques et des opportunités présentés par les produits de la société OpenAI et de ses divers compétiteurs se multiplient désormais. L’explication tient au fait que l’application ChatGPT et les modèles successifs qu’elle intègre ne cessent d’évoluer et marquent une rupture dans la transformation numérique qui s’opère depuis le milieu des années 1990.

Cette mutation amorcée il y a trois décennies a été l’objet d’innombrables articles et ouvrages relatant les bouleversements qui l’accompagnent sur les plans sociétal, organisationnel et individuel. Elle a mené aux spéculations les plus folles concernant le travail et l’emploi. Un important rapport de 2016[2] sur les impacts sociaux de la digitalisation de l’économie, produit par l’Institut Syndical Européen, qualifiait la 4ème révolution industrielle, qui célèbre la révolution numérique, de “tempête parfaite” sur les marchés de l’emploi. Ceci alors que le terme “intelligence artificielle” n’apparaissait qu’une seule fois sur les 80 pages du rapport. Ce n’est pas trop étonnant si l’on considère que la crainte principale du moment était de voir des robots remplacer le travail peu ou pas qualifié.

IA générative, compétences du futur et soft skills

Désormais, les intelligences artificielles génératives, avec ChatGPT en tête de liste, rivalisent aussi avec des tâches qui jusque-là mobilisaient des facultés humaines intellectuelles et créatives. À des degrés divers, des bouleversements dans le travail et l’emploi sont déjà en cours dans certains secteurs d’activité et de nombreux travailleurs jusqu’ici préservés observent la menace croître. La question de la destruction de l’emploi par l’IA alimente le débat entre techno-pessimistes et techno-optimistes, comme ce fut déjà le cas avec l’automatisation.

Pour l’instant, le travail conserve une place prépondérante dans la vie des individus. Face à la nécessité croissante pour les entreprises d’innover afin de créer de la valeur et d’assurer ainsi leur pérennité, la créativité dans le travail est devenue aussi importante que la production l’était à l’ère industrielle.

Dans un contexte de développement de l’IA où la force de l’humain réside notamment dans sa capacité à faire face à l’imprévisible, la valeur ajoutée humaine repose de plus en plus sur une configuration de hard skills et de soft skills. Ajoutées à de solides connaissances et compétences techniques, les soft skills constituent sans doute le meilleur atout des humains pour rivaliser avec les machines.

Parmi les modèles de soft skills disponibles, celui des 4C fait l’unanimité. L’OCDE et le Forum économique mondial, notamment, identifient dans les 4C les compétences essentielles pour faire face aux défis du monde du travail de demain. Ainsi, la communication, la coopération, la pensée critique et la créativité seraient les compétences les moins susceptibles d’être réduites à des algorithmes et devraient, de ce fait, être développées en priorité.

Secteur bancaire suisse, intelligence artificielle générative et opportunités

Le secteur bancaire suisse a connu sa plus forte expansion entre 1960 et 1990. Depuis, des débuts de la transformation numérique des années 90 à la récente crise du covid en passant par la crise financière de 2008, les banques n’ont cessé de se réinventer pour faire face à un contexte économique et politique instable ainsi qu’aux nouveaux comportements de leurs clients. Ces changements, à la fois vastes et complexes, ont nécessité des ajustements significatifs.

Concernant l’intelligence artificielle, les institutions financières se penchent depuis un certain temps sur son exploitation. Toutefois, l’émergence de l’IA générative et l’accélération de son évolution composent de nouveaux défis et pourraient offrir des perspectives de développement inédites qu’il s’agira d’identifier et d’évaluer comme dans d’autres contextes par le passé.

Lors du passage aux guichets automatiques dans les années 90, les banques ont ainsi su saisir l’opportunité de transformer l’activité initiale des guichets en activité de conseil auprès de leurs clients, révélant une demande latente et ouvrant de nouvelles voies de développement des affaires. Ce changement a induit une montée en compétences pour nombre de professionnels et favorisé l’emploi.

Les questions pour aujourd’hui et pour demain concernant l’IA et l’IA générative en particulier sont innombrables. Comment les banques peuvent-elles créer de nouveaux produits et services et enrichir l’expérience client grâce à l’IA ? Comment l’IA peut-elle faciliter l’accès à la connaissance et la prise de décision sur des axes opérationnels et stratégiques ? Et surtout, quelles compétences sont nécessaires pour entreprendre ces changements et comment associer à ceux-ci les collaboratrices et collaborateurs en mettant à profit leurs talents ? Il est pour l’heure bien difficile de répondre à ces questions et à toutes celles à venir, mais elles méritent d’être posées par-delà le clivage entre techno-pessimistes et techno-optimistes.

[1] https://www.pwc.ch/fr/insights/ceo-survey/2024.html

[2] https://www.etui.org/fr/publications/working-papers/les-impacts-sociaux-de-la-digitalisation-de-l-economie

Stéphane Bonzon

ISFB

Psychologue

“À des degrés divers, des bouleversements dans le travail et l’emploi sont déjà en cours dans certains secteurs d’activité et de nombreux travailleurs jusqu’ici préservés observent la menace croître. La question de la destruction de l’emploi par l’IA alimente le débat entre techno-pessimistes et techno-optimistes, comme ce fut déjà le cas avec l’automatisation.”

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