Développement de carrière

Ce que les parcours de carrière des dirigeants des banques suisses nous apprennent sur le développement des compétences et des talents

Depuis les débuts de la transformation numérique dans les années 90, les banques n’ont cessé de se réinventer pour s’adapter aux mutations de leur environnement. La révolution numérique, à elle seule, a profondément transformé la manière dont les banques fonctionnent et interagissent avec leurs clients. Au sein des organisations, elle a redéfini le travail en passant d’une approche RH centrée sur les qualifications spécifiques à un poste, à une focalisation sur les compétences individuelles. Dans ce contexte d’incertitude, les banques doivent encourager la prise de décision rapide en responsabilisant leurs équipes, ce qui implique une confiance accrue dans la capacité des collaborateurs à gérer des situations inconnues et complexes. Par conséquent, le niveau de compétences attendu des collaborateurs ne cesse de croître, et l’évaluation ainsi que le développement de ces compétences deviennent des enjeux stratégiques pour la gestion des talents. Celle-ci doit, à travers des actions RH ciblées, viser à identifier, attirer, intégrer, développer et fidéliser les collaborateurs capables de faire la différence, dans une dynamique qui concilie à la fois performance organisationnelle et développement individuel de carrière.

C’est dans ce cadre que l’ISFB répond à sa mission d’accompagner le développement organisationnel et individuel de la place financière romande. Actif notamment dans la production de connaissances spécifiques au secteur, l’ISFB multiplie les initiatives pour renforcer son soutien à ses banques membres en leur fournissant des résultats de recherche ciblés. C’est à cette fin que s’est tenue, le mardi 20 août 2024, la matinée annuelle des DRH dans les locaux de l’ISFB. Le Professeur Eric Davoine de l’Université de Fribourg y a présenté une synthèse de ses recherches sur les parcours de carrière des dirigeants du secteur bancaire suisse (1). Cette rencontre offrait une occasion unique d’apporter un éclairage académique sur les aspects significatifs des parcours de carrière des hommes et des femmes à la tête des banques suisses, tout en mettant en perspective les exigences de compétences à tous les niveaux hiérarchiques.
Son étude nous fait observer qu’historiquement, les dirigeants de banques suisses provenaient souvent de parcours non universitaires. Il relève que pendant une certaine période, l’élite économique suisse construisait une partie de sa légitimité par des carrières militaires. Avec le temps, la proportion de dirigeants issus de parcours traditionnels, tels que l’apprentissage, a notamment diminué au profit de ceux disposant de diplômes universitaires, notamment des grandes écoles de commerce. La nécessité pour les banques suisses de s’adapter à un environnement économique de plus en plus globalisé a favorisé l’émergence de modèles d’affaires variés, nécessitant de nouvelles compétences de la part des dirigeants. Les dirigeants doivent plus que jamais être capables de s’adapter rapidement aux changements et d’innover pour rester compétitifs, ce qui requiert une gestion flexible et une capacité à intégrer de nouvelles tendances et technologies dans les opérations bancaires. La globalisation a également entraîné une augmentation de la mobilité internationale des dirigeants, influençant leurs parcours de carrière et introduisant des pratiques de gestion des talents plus diversifiées prenant en compte des considérations internationales comme locales.

Comme l’observe le Professeur Davoine, les dirigeants modernes possèdent des compétences en gestion stratégique et en réorganisation, souvent acquises grâce à des expériences au sein de cabinets d’audit et de conseil. Ces cabinets représentent une étape cruciale dans la carrière des dirigeants du secteur bancaire suisse, où ils acquièrent une légitimité importante, tout comme les cabinets de chasseurs de tête. Grâce à leur expertise des marchés spécifiques et leur discrétion, les chasseurs de tête (2) jouent un rôle central dans la sélection des dirigeants des banques suisses, conférant aux candidats crédibilité et légitimité tout en contribuant à redéfinir les normes de leadership. En conclusion de sa présentation, le Professeur Davoine a évoqué la dynamique de genre au sein des postes de direction des banques suisses. Il observe que, bien que la proportion de femmes dans les comités exécutifs ait augmenté ces dernières années, elle reste relativement faible par rapport à d’autres pays européens. Cette évolution montre une tendance positive vers une plus grande diversité au niveau de la gouvernance.

En somme, l’évolution du secteur bancaire suisse et la transformation des compétences requises des dirigeants reflètent une nécessité d’adaptation continue dans un environnement globalisé et technologiquement avancé. À chaque niveau hiérarchique de l’organisation, les compétences techniques et les soft skills sont valorisées différemment en fonction des types de fonctions, des types de banques et de la conjoncture. Dans ce contexte, le développement des talents est essentiel pour garantir l’accès à des spécialistes qualifiés capables de maintenir le haut niveau d’expertise de la place financière romande, un domaine dans lequel l’ISFB joue un rôle de premier plan.

Cela se matérialise au niveau des prestations ISFB proposées à ses membres par des programmes de formation continue en Management, mais également par des services d’Assessment et de bilans de compétences à disposition des établissements membres.

(1) Pedro Araujo, Eric Davoine & Pierre-Yves Donzé (26 May 2023): Banking elites and the transformation of capitalism in Switzerland: A prosopographic analysis (1890–2020), Business History, DOI: 10.1080/00076791.2023.2213650

(2) Pourquoi et comment mobiliser les chasseurs de tête | hrtoday.ch

Stéphane Bonzon - psychologue

Stéphane Bonzon

ISFB

Psychologue

“Le développement des talents est essentiel pour garantir l’accès à des spécialistes qualifiés capables de maintenir le haut niveau d’expertise de la place financière romande, un domaine dans lequel l’ISFB joue un rôle de premier plan.”

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En parallèle à son offre de formations techniques et managériales, l’ISFB propose au département des ressources humaines de ses banques membres, différents services de conseil en orientation et gestion de carrière.

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