L’Institut
Entretien avec Julien Serbit sur le certificat ISFB Investment Advisor: un programme pratique au service des conseillers financiers.
Avec plus de vingt ans d’expérience dans la gestion de portefeuille, Julien Serbit a rejoint l’équipe d’intervenants ISFB pour le Certificat ISFB Investment Advisor. Son objectif : transmettre des connaissances concrètes issues du terrain, démystifier les rouages de l’investissement et accompagner les professionnels de la banque privée dans un contexte en pleine mutation. À travers cet échange, il partage son parcours, sa vision des défis actuels du métier et les forces de ce nouveau programme certifiant.
M. Serbit, vous êtes chargé de cours à l’ISFB pour la première fois, où vous intervenez dans le cadre du certificat ISFB Investment Advisor. Pouvez-vous nous parler de vos attentes et de votre approche en tant qu’intervenant?
J’ai accepté de rejoindre l’équipe d’intervenants de l’ISFB dédiée au certificat d’Investment Advisor pour différentes raisons. La première raison est que, après vingt années passées dans la gestion de portefeuille au sein de structures de tailles variables, j’ai régulièrement observé que de nombreux collaborateurs souhaitaient mieux comprendre la construction des portefeuilles et les processus d’investissement des établissements dans lesquels ils travaillaient. Il n’est pas toujours évident de se former à ces sujets en interne, surtout si l’on n’est pas directement en contact avec les équipes en charge d’investir.
La deuxième raison qui m’a motivé à transmettre de manière concrète mon expérience est commune à de nombreuses personnes : enseigner des éléments pratiques, de terrain, plutôt que de la théorie pure. Nous constatons régulièrement dans les métiers de l’investissement qu’après avoir appris des concepts économiques et financiers, ces derniers ne s’appliquent que partiellement dans la réalité.
Enfin, il est toujours enrichissant, quel que soit le domaine, de partager son expérience et de susciter l’intérêt de nouvelles personnes pour nos métiers. Je crois fermement que le succès du modèle de banque suisse repose sur des personnes bien formées. L’ISFB, en tant que référence pour les métiers bancaires, m’a convaincu par la qualité de ses cours et de ses intervenants de contribuer à ce programme.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours académique et professionnel ?
J’ai étudié l’économie et la finance de façon traditionnelle, à travers un master universitaire. J’ai ensuite rejoint Lombard Odier, puis Pictet et Reyl, avant d’intégrer l’un des principaux gestionnaires de fortune indépendants de la place.
J’ai exercé différentes fonctions au sein de ces établissements, toutes liées à la gestion de portefeuille et à la stratégie d’investissement.
Je suis aujourd’hui impliqué dans la définition de la stratégie d’investissement et responsable de la sélection de produits externes. Je gère également plusieurs produits financiers (actions & multi-actifs).
Quels sont, selon vous, les principaux défis auxquels font face les conseillers financiers aujourd’hui (pour concevoir des stratégies d’investissement adaptées aux besoins des clients) ?
Le défi principal de nos métiers est générationnel. La clientèle typique des banques privées suisses est en pleine transition vers la nouvelle génération. Cette génération est la première à faire confiance (ou non) à l’expertise helvétique sans l’attrait du secret bancaire. Elle est également la première à disposer de quasiment tous les outils pour investir sans nécessairement devoir passer par un banquier, comme c’était le cas pour leurs parents et grands-parents.
Il faut donc démontrer à cette clientèle que l’allocation d’actifs et l’investissement en général restent des affaires de spécialistes, malgré la disponibilité d’outils accessibles désormais aux non-professionnels de la finance, permettant de gérer leur argent.
Le travail « d’éducation » auprès de certains clients non aguerris aux marchés financiers a lui aussi beaucoup évolué, passant d’une vulgarisation des principaux concepts de gestion de portefeuille à un travail plus délicat de « démystification » de certains produits ou classes d’actifs aux résultats parfois trompeurs, promus notamment via des médias en ligne et d’un flot continu d’informations.
Enfin, il apparaît que concevoir des stratégies d’investissement s’est globalement complexifié sur de nombreux points, notamment pour des clients internationaux. La prise en compte de contraintes fiscales et réglementaires vient ajouter des contraintes supplémentaires dès lors qu’il s’agit de constituer un portefeuille diversifié. L’ingénierie financière n’est pas en reste ces dernières années en termes de complexité de certains instruments. L’offre de produits investissables, toutes classes d’actifs confondues, a considérablement grossi et il est clair que les portefeuilles d’aujourd’hui sont souvent plus pointus et complexes qu’il y a 20 ans, sans pour autant garantir de meilleurs résultats.
Le certificat ISFB Investment Advisor débutera prochainement (mai 2025). En quoi ce programme peut-il offrir des solutions concrètes ? Quelles sont, d’après vous, les forces et les spécificités qui font la richesse et la qualité de ce programme ?
À mon sens le programme possède de nombreux atouts. En lien avec mes propos ci-dessus, il offre aux participants un enseignement très concret, uniquement dispensé par des professionnels de l’investissement. La pratique prévaudra donc largement sur la théorie.
Le programme permet d’appréhender les principales classes d’actifs actuelles. Il offre aux étudiants un condensé précieux permettant de cerner les défis de l’allocation d’actifs. Qui sait, cela leur donnera peut-être envie d’approfondir en se spécialisant dans une ou plusieurs des classes d’actifs abordées.
Enfin, comme mentionné précédemment, ce programme permet à toute personne travaillant dans le domaine de la gestion de fortune, ou souhaitant s’y orienter, d’acquérir rapidement des bases solides de construction de portefeuille, en maitrisant les principes fondamentaux et en comprenant mieux le jargon utilisé par les spécialistes. Il offre aux étudiants un vision globale d’une activité qui reste le cœur de l’offre bancaire suisse et dont le champ d’application est vaste.
Julien Serbit
Senior Investment Advisor (Prime Partners SA)
« Ce programme permet à toute personne travaillant dans le domaine de la gestion de fortune, ou souhaitant s’y orienter, d’acquérir rapidement des bases solides de construction de portefeuille, en maitrisant les principes fondamentaux et en comprenant mieux le jargon utilisé par les spécialistes. »
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